Pendant quelque semaine toulouse.espacesensible.net va publier une série d’articles qui explore le passé du projet métropolitain. Comme les archéologues qui sondent le sol pour réunir des indices dispersés et les ordonnes pour qu’ils prennent sens, l’effort consiste ici à réunir des éléments les plus divers. Des plans d’urbanisme aux rêves de gratte-ciel, en passant par l’histoire d’une avenue ou d’un quartier, compiler des faits, des documents, des histoires qui éclairent la situation présente. Si ce sont les constructions, les aménagements et tout ce qui participe à la valorisation du sol urbain, qui sont la matière de ce travail, c’est bien de notre réalité sociale dont il est question. La manière dont notre espace est organisé, contraint et règle nos existences jusque dans les détails de nos vies quotidiennes, de notre emploi du temps. Observer la manière dont l’espace a été produit permet d’amener des éléments de réponses aux questions suivantes : Comment sommes-nous arrivé·es là où nous sommes ? Comment ce passé éclaire notre présent et les choix qui sont fait pour le futur ? Répondre à ces questions permettra, espérons-le, d’inventer d’autres possibles.
Les publications vont se suivre au rythme de plusieurs publication par semaine [1]. Celles-ci feront tour à tour focus sur l’un ou l’autre aspect. Certaines sont en plusieurs épisodes, d’autres non, chacune peut se lire comme une histoire indépendante. Au fur et à mesure des documents sont publiés et viennent appuyer, prolonger ou illustrer le propos. Nous ne ferons pas mystère de l’énergie critique qui nous anime : cet effort n’est ni neutre ni objectif. Il est soutenu par la détestation de ce monde d’exploitation et de domination et nourri par l’espoir qu’il serait possible de faire autrement. Cette prise de position implique également d’être aussi transparent que possible dans notre raisonnement et de mettre à disposition un grand nombre de documents glanés au cours de nos recherches. Non pas pour courir après un fantasme d’objectivité, mais parce qu’il nous semble important que toi, lectrice ou lecteur, tu puisses construire tes propres raisonnements, tirer tes propres conclusions. Il est possible et même nécessaire de pousser plus loin certaines investigations comme il serait utile et profitable de préciser les analyses faites ici. Ce n’est qu’un début. Vous pouvez consulter la chronologie lacunaire illustrée pour avoir une idée des questions qui seront abordées.
Il faut commencer par se situer, dans le temps et l’espace, définir un point d’où commencer. En réalité, c’est bien du présent que commence cette exploration. Parce que c’est ma réalité vécue qui m’interpelle. Que ce soit la dimension sociale et économique toujours plus difficile ou le désastre écologique en marche. J’estime que rien ne va dans le monde tel qu’il est. Et, ce qui me surprend d’autant plus c’est la manière dont la ville où j’habite est gérée comme une promesse d’amélioration continue. En affiche 4 par 3, en palissade de chantier ou en journal gratuit dans ma boite aux lettres, partout est proclamée que Toulouse avance, pour le mieux, pour le bien, pour l’avenir… C’est déjà cela le projet métropolitain, cette promesse d’un avenir radieux. Un avenir qui n’est d’ailleurs, à en croire les plaquettes multicolores, que le fruit d’un passé glorieux.
Les récits d’urbanistes commencent presque toujours par l’histoire. Une manière de dire qu’ils sont soucieux de l’existant et attentifs à s’inscrire dans un passé mémorable. Pour Toulouse les ingrédients sont toujours un peu les mêmes : 2000 ans d’histoire, les Romains, les cathares, la première université, le pastel, les capitouls, l’aéropostal, l’A380. Les sujets qui fâchent, l’inquisition et l’armement [2], par exemple, sont sans doute les plus flagrants oublis d’un récit tout de même pas mal mythé… Pourtant il y autre chose qui est dérangeant dans cette histoire c’est sa dimension. Elle s’étend sur pas moins de deux millénaires. À ce niveau de généralité, on peut faire dire tout est n’importe quoi au passé. Et surtout répondre aux nécessités du présent. En faisant remonter l’histoire de la ville aux Volques Tectosages installé·es au guet du Bazacle, à la cité romaine ou au bourg de Saint Sernin, l’accélération qui se produit au xxe siècle est complètement minimisée.
Le développement de la ville s’en trouve complètement naturalisé. Toulouse est capitale de l’Occitanie parce qu’elle a été capitale du royaume wisigoth. S’il y a des étudiant·es en nombre, c’est parce que l’une des premières universités d’Europe a été créée sur les berges de la Garonne en 1229. Si l’on construit des avions, c’est parce qu’un auteur de conte pour enfants et quelques copains ont risqué leur vie pour amener du courrier aux quatre coins du monde. Toulouse compte parce que c’est l’expression d’un destin millénaire au carrefour des échanges européens.
C’est pratique le destin, on doit s’y conformer sans discussion possible. Et c’est bien là l’un des piliers du projet métropolitain : être indiscutable. L’aménagement est le fruit de la nécessité correctement administrée dans une parfaite conscience de l’utilité publique. Circulez, il n’y a rien à voir.
Commençons donc par la fin, voire même par ce qui n’est pas encore advenu : ce qui reste encore à l’état de promesse. Parce que c’est le propre d’un « projet » que d’orienter nos actions, passées et présentes, vers un but à atteindre. Un bon projet reste toujours à la fois suffisamment proche pour ne pas désespérer et suffisamment lointain pour susciter encore d’autres actions.
La métropole toulousaine, nommée par une sorte d’anglicisme (qui est déjà tout un projet en soi) Toulouse Métropole, est l’administration qui régit 32 communes de l’agglomération toulousaine. La métropole est un Établissement Public de Coopération intercommunale qui peut lever ses propres impôts et qui concentre les compétences [3] des anciennes communes entre autres le développement économique l’habitat, l’urbanisme et la voirie. Sans se lancer dans la généalogie de cet objet administratif, ce qui m’intéresse c’est ce qui, dans le passé, l’a rendu possible. Parce que si ce n’est pas le fruit d’un destin particulier, ce n’est pas pour autant celui du hasard.
L’hypothèse sous-jacente ici, c’est que cette situation résulte d’une lente construction politique et économique qui, mue par l’idéologie du développement, a permis d’intégrer et de conformer ce territoire et ses habitant·es au mode de production capitaliste [4] (MPC). Cette intégration ne s’effectue pas à partir d’une extériorité au MPC, mais à partir d’une position périphérique, de Toulouse et sa région, que nous préciserons plus avant dans de prochaines publications. Ce processus n’est pas non plus la mise en adéquation à une réalité préexistante et fixe, mais plutôt une dynamique d’intégration jamais totalement réalisée. Le pire est toujours à venir, ou d’un autre point de vue, il reste toujours à faire pour rester performant dans la compétition mondiale des métropoles.
Ce qui me semble pertinent à étudier, c’est la dynamique. Cette sorte de mouvement perpétuel qui semble nous entrainer à l’insu de notre plein gré. Et c’est cela que nous cherchons à explorer au fur et à mesure des semaines dans cette série de publications. Il n’est donc pas question de commencer avec une « définition », mais de tracer quelques contours de l’objet de mon attention.
Les Toulousains de Toulouse, une association créée en 1904 et qui existe toujours aujourd’hui, s’est donnée une mission de préservation du patrimoine. Mais à ses débuts elle avait un peu plus d’ambition et voulait participer au rayonnement de la ville. Le long mémoire de plus quarante pages, rédigé en 1920 témoigne de cette ambition. On y lit déjà ce qui sera au centre du projet métropolitain : le culte de la modernité [5], la croyance dans le destin de la ville qui comme tel est indiscutable, mais qui est en même temps fragile et conditionné aux choix faits aujourd’hui ; la compétition avec d’autres villes ; la nécessité d’impliquer l’ensemble des habitant·es de la ville comme condition de la réussite.
On peut lire cette ambition dans les grands travaux qui ont percé la vieille ville par de larges avenues à la mode haussmannienne [6], ou dans l’ouverture de l’Institut d’électronique et de mécanique appliquée en 1908 et l’Institut agronomique de Toulouse en 1909. Mais alors la volonté d’inscrire dans l’aménagement du territoire l’ambition de développement n’est encore que le vœu pieux de quelques élites.
Lorsqu’enfin en 1947 est soumis à l’approbation du conseil municipal le premier plan d’aménagement et d’embellissement de la ville [7], il est même au contraire marqué par la prudence. Il faut contenir l’étalement de la ville, limiter son attractivité relativement aux petites villes voisines, il ne faut pas rajouter d’industrie nouvelle. Piano piano semble dire l’architecte peut-être quelque peu échaudé par les deux guerres industrielles qui se sont succédé en Europe et qui ont pu faire douter de la trajectoire sur laquelle s’était engagée l’humanité. Mais nous ne serions peut-être pas là à vous raconter cette histoire s’il avait été écouté. Jean Coppolani [8] géographe et urbaniste en chef à la direction régionale de l’équipement s’inscrit en faux contre ces préconisations :
« Loin de freiner la croissance de Toulouse, il faut donc, par un apport massif et volontaire de population, venue de l’extérieur de la région et même de la France, en faire un pôle de développement vigoureux qui suscitera à son tour le développement de sa région. » [9]
Il faut, selon le même auteur, de l’ambition non seulement pour la ville, mais pour le territoire. Et cela passe par l’extension de la ville qui ne doit plus se penser à l’échelle de la région, mais bien de la France et voir du monde :
« C’est en vue de la réalisation en 20 ans d’une ville de 400 000 à 500 000 habitants, cœur d’un complexe urbain en comptant de 500 000 à 700 000, métropole régionale et même interrégionale et grand centre industriel de l’Europe moderne, que doit se faire la mise au point et la mise en œuvre tant du Plan d’Urbanisme de la ville de Toulouse proprement dite que celui de son Groupement d’Uranisme qui réunit la ville et sa banlieue. » [10]
Nous y voilà donc, l’aménagement est au service d’un projet économique et la population en est à la fois la cible et l’instrument. Pour cela c’est aussi une transformation politique et administrative qui doit avoir lieu. Le développement urbain ne doit pas être laissé au hasard :
« Cette tâche est (…) confiée à l’Atelier Municipal d’Urbanisme créé par la municipalité, sous la haute direction du Ministère et du Directeur départemental de la Construction, avec la collaboration d’Urbanistes privés. À côté des efforts financiers et techniques, des démarches auprès des autorités supérieures et des détenteurs de capitaux, il faudra donc poursuivre encore l’éducation du public, afin que l’opinion s’intéresse activement aux efforts de ceux qui œuvrent pour l’avenir de Toulouse, et que chacun y aide dans son domaine. (…) Toulouse de l’an 2000 sera dans une large mesure ce que les Toulousains voudront qu’elle soit. » [11]
En 1962 Toulouse a été désigné « Métropole d’équilibre » par la Direction de l’Aménagement du Territoire (DATAR). C’est le point de départ d’un effort important de déconcentration et de décentralisation qui va profondément marquer le territoire national. Mais nous donnerons plus de détail à ce propos plus tard. Pour l’heure, contentons-nous de restituer la tonalité principale du projet métropolitain.
Si on reprend chronologiquement, il est marquant de voir à quel point affleure, dans toutes ses promesses de grandeur future, la conscience d’un retard. Une sorte de sentiment d’être en dehors de la modernité, d’avoir raté une marche, et donc la peur de rester en dehors des promesses d’abondance que porte l’idée de progrès. Voilà comme on peut lire les descriptions de Toulouse et de la région Midi-Pyrénées au sortir de la guerre en 1945 : une région rurale, Toulouse a « raté » la première révolution industrielle [12]. La ville passe alors pour un « gros bourg », un village, que ce soit d’ailleurs pour saluer cette situation ou pour la regretter. Encore à la fin des années 60 « la pêche à la ligne, la cueillette de champignon, la chasse », activités proprement caractéristiques de la ruralité, sont pratiquées en toute simplicité par de nombreux Toulousains [13]. Et c’est là quelque chose qui doit changer, pour que Toulouse rentre pleinement dans la modernité. Ce discours, s’il est effectivement porté par des élites locales, n’est pas sans faire écho à des discours élaborés dans le cœur battant du capitalisme d’alors.
En 1949 le président des États-Unis, Harry S. Truman, dans son discours à la nation prononcé à l’occasion de sa réélection marque un tournant important. Il pointe la pauvreté qui « constitue un handicap » et promet de lancer un programme audacieux « qui met les avantages de [l’]avance scientifique et [du] progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-développées. » Les effets de la politique étatsunienne qui mettra en acte ce discours feront couler beaucoup d’encre et de sang en particulier en Amérique latine, mais pas seulement.
« Le discours du développement se transforme rapidement en une utopie imparable, qui justifie la création d’un vaste appareil de politiques, de procédures, d’institutions, de techniques – un dispositif, au sens foucaldien – articulant de manière systématique pouvoir et savoir. Ce qui permet au “développement” de modeler non seulement la réalité économique, sociale, culturelle des sociétés “sous-développées”, mais aussi les subjectivités des populations ciblées : partout dans les pays du Sud, le développement est devenu le cadre discursif a priori à partir duquel la réalité sociale est appréhendée, le diagnostic prononcé, et le remède formulé. » [14]
Cette idée du développement imprègne profondément les politiques d’aménagement et d’urbanisme. Et ici aussi, toutes proportions gardées, les populations vont être enrôlées dans cette idée du progrès. J’argumenterai plus amplement cette idée dans les prochains articles. Pour conclure cette déjà trop longue introduction, voici deux images qui, à plus d’un demi-siècle de distance, semblent illustrer l’imaginaire sous-jacent de ce projet métropolitain.
Les « champs Élysées toulousains » cette dénomination traduit l’ambition de capitale qui a conduit à réaliser cette expressway comme aimait l’appeler le maire de service d’alors L. Bazerque. J’y vois moi un phallus dressé au cœur de la ville. Les allées arborées de platane n’étaient pas adéquates à l’idée d’une ville moderne. Très symboliquement cette autoroute urbaine a été repeinte en vert dans le jeune XXIe siècle. La place de l’automobile a été réduite et des arbustes plantés, retour en quelque sorte à la case départ. Pas tout à fait puisque, les temps changent, et les allées sont renommées Ramblas en honneur à Barcelone dont le prestige pourrait, sait-on jamais, rejaillir ici pour alimenter les ambitions internationales de Toulouse. Champs Élysées dans les années 50, Ramblas dans les années 2000, la modernité varie selon l’air du présent. Mise en scène de la rupture avec un passé qu’on rejette et promesse de la préparation de l’avenir. De manière paradigmatique ici, on a rasé une promenade arborée pour faire passer les voitures, puis on a replanté des arbres pour faire face au réchauffement. Est-ce que c’est ça l’économie circulaire ? Ce qui reste néanmoins une constante c’est l’empreinte virile que les édiles veulent donner à leur ville.
Quand le socialiste P. Cohen arrive à la mairie en 2007, c’est à la fois un tournant dans les modes de gestion de l’urbanisme, mais aussi une continuité en tant que les objectifs de valorisation du sol urbain ne changent pas. En particulier, il veut faire entrer la ville dans une « démarche de projet ». Donnant toute sa force à ce terme de « projet » qui doit donner une cohérence à un ensemble disparate d’initiatives dans l’animation, le bâti, la règlementation et le positionnement touristique. Le projet doit donner « des évidences simples qui rendent le monde interprétable » . La brochure dont est issue cette illustration semble dédier, quasi exclusivement, à faire passer la notion. Le mot projet apparait ainsi dans 70 pages sur 96 et déjà 9 fois dans le court éditorial du Maire. « Ce projet urbain tous les acteurs de la ville doivent le nourrir, les élus, les urbanistes, les promoteurs, les architectes, mais aussi le monde économique, culturel, scientifique, associatif… Enfin et surtout tous les Toulousains. » Le projet me semble avoir une dimension managériale et parait répondre, 50 ans plus tard, à l’appel de J. Coppollani à l’éducation du public.
La tour d’Occitanie, si elle voit le jour, doit justement se placer en haut de ces allées triomphales de la modernité. Non loin du siège actuel du pouvoir métropolitain, que l’on voit en bas à gauche de la photo, et au cœur d’un futur quartier d’affaires, elle est exemplaire du projet métropolitain . Et cette situation n’est pas un hasard, c’est le trait d’union entre un pouvoir municipal installé au Capitole et un pouvoir métropolitain qui est en contact direct avec son territoire par la gare. Le projet métropolitain est aussi une histoire de pouvoir politique. Enfin, sans surprise, la « Tour Occitanie se veut être un symbole de modernité et d’innovation au cœur de Toulouse. »
Bref, c’est là déjà s’avancer sur la fin de l’histoire, prenons le temps de cheminer et pour commencer intéressons-nous à une sorte de préhistoire des projets urbains toulousains. Paris a eu ses grands boulevards, Toulouse n’est pas en reste avec les percées des rues longitudinale et transversale.
Mettre la rue en ordre : 1. la construction et le réaménagement d’une artère centrale à Toulouse. Alsace Lorraine 1864 - 2018
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[1] L’ensemble des textes publiés sont signés par le Collectif de Radiographie Urbaine (CRU). Cette signature collective rend compte de la multitude de rencontres et d’échanges qui ont rendu possible cette écriture. Des différentes personnes qui ont relu, commenté, corrigé. Qu’elles en soient toutes vivement remercié·es, ce travail est un peu le leur. C’est aussi une volonté de désingulariser l’écriture et de plaider activement pour une écriture collective de la réalité sociale (voir qui sommes-nous). Les différentes histoires racontées ici le sont à partir de lectures et matériaux glanés au fils de nombreuses recherches ces dernières années. Les documents et sources employés sont référencés dans les notes des articles. Une bibliographie et table des sources sera publiée dans une publication spécifique.
[2] Le concile de Toulouse de 1229 organise la première inquisition en Languedoc pour la répression des hérétiques dit « Cathares ». L’ordre des dominicains, fondé à Toulouse en 1216, est un pilier de l’inquisition. Par exemple, en 1258, 5 000 habitant·es du Lauragais furent enfermés pendant 200 jours dans le cloître de Saint Sernin pour répondre aux questions de l’inquisition. L’industrie de l’armement, double maléfique de l’aérospatiale, elle est sans cesse la grande oubliée de l’histoire. Heureusement, l’armée de l’air a baptisé l’un de ses transports de troupe A300M « Ville de Toulouse », l’honneur est sauf (voir Toulouse nécropole). Certainement pour rappeler que la ville tient une place de choix dans l’industrie de la mort depuis 1666 sous Louis XIV et que même le canal du midi est lors de sa réalisation une infrastructure de l’industrie militaire de l’époque.
[3] Ça ne veut pas dire qu’elle a des talents particuliers pour le faire, c’est un terme administratif. C’est à elle de faire ça et personne d’autre (ou alors parfois c’est partagé…), bref.
[4] Nous parlerons ici de « mode de production » pour souligner la configuration complexe entre les forces productives, les rapports de production et de classe qui l’anime et lui assure sa pérennité. Ses caractéristiques principales sont schématiquement : le travail salarié – l’exploitation de main-d’œuvre –, la propriété privée des moyens de production, la forme marchandise des biens et services échangés et l’accumulation du capital comme but principal de l’activité. Voir Les limites du capital, D. Harvey, Paris : Éditions Amsterdam, 2020), p. 75.
[5] Dont le contenu varie forcément dans le temps. Rien ne vieilli plus vite que ce qui est moderne ou futuriste…
[6] Voir les articles sur la rue Alsace Lorraine (à paraitre).
[7] Le plan de Nicod-Genard entamée en 1942, renouvelé en 1944 pris en considération par l’arrêté ministériel du 23 octobre 1947. Un plan d’aménagement de la ville Toulouse, qui en est issu, est soumis à enquête publique en 1957, enquête dont le rapport ne sera publié qu’en 1959… J’aurai l’occasion d’y revenir.
[8] Personnage important par les fonctions qu’il va occuper et par ce travail cité ici qui est l’ouvrage de référence sur le développement urbain toulousain. C’est son travail de thèse soutenu en 1952 est parus tout d’abord sous le titre Etude de géographie urbaine. C’est l’édition de 1963 (Toulouse au XXe siècle) largement remanié et remis à jour que j’utiliserai ici. Il est notable que la première page s’orne d’une dédicace aussi sobre qu’efficace : « A tous les responsables de l’avenir de Toulouse. »
[9] J. Coppolani, Toulouse au XXe siècle, Privat, Toulouse, 1963 [1954]. p. 404
[10] Ibid., p. 405
[11] Ibid., p. 430
[12] G. Jalabert, Toulouse : métropole incomplète, Anthropos, Paris, 1995. « Les historiens qui ont analysé les fortunes toulousaines à l’orée de la révolution industrielle ont montré que le capital local, constitué pour l’essentiel de biens fonciers et immobiliers, était bien modeste comparé à celui des possédants de villes comme Lyon ou Marseille. Il restait concentré entre les mains des Parlementaires, classe nobiliaire qui le réinvestissait dans le sol et la pierre. » p. 8 et il continue page suivante « L’interprétation donnée par les historiens et les géographes des années 1960 est donc celle d’une culture économique des élites locales, faire plus de la rente que d’esprit d’entreprise, du repli sur des valeurs où se conjuguent possession de biens immobiliers et fonciers et fonctions libérales, juridiques ou administratives, développées grâce aux enseignements de la Faculté de Droit. » p. 9
[13] C. Béringuier, A. Boudou, G. Jalabert, Toulouse Midi-Pyrénées La transition, Collection villes Clés, Stock, 1972. p. 142
[14] Philippe Colin et Lissell Quiroz, Pensées décoloniales : une introduction aux théories critiques d’Amérique latine (Paris, France : Zones : Éditions La Découverte, 2023), 216.