Aujourd’hui, on ne voit qu’elle. Une tour de 19 étages qui culmine à 64 mètres. C’est l’une des plus hautes de Toulouse, elle fait partie d’un ensemble de bâtiments qui compte 221 logements, des bureaux et des commerces. Fortement dégradée suite à un mauvais entretien, menacée d’un arrêté de péril, elle est finalement restaurée. Elle connait en somme un destin inverse au reste du quartier.
Parce qu’elle fait aussi partie du quartier et parce que, malgré les destructions, elle reste debout. Nous avons eu envie d’aller y voir de prendre un autre point de vue sur cette disparition. Marc, le gardien nous en a fait une visite guidée dans les entrailles de la tour. L’imposant édifice se révèle être un objet technique complexe. Faire monter l’eau au 19ème étage, assurer le chauffage, maintenir la circulation en cas d’incendie.
Construit sur des terrains industriels à la fin des années 50, l’édifice va priver les rues Chabanon et des Jumeaux d’une bonne partie de leur ensoleillement. Les dessins d’architecte fait à l’époque révèlent le projet d’effacement de l’ancien par le nouveau. L’image préfigure le paysage actuel de l’avenue de Lyon détruite.
La modernité, ça vieillit mal. Alors que le quartier commence à se vider dans les années 2010 l’immeuble est bardé de filets pour prévenir des chutes de pierre des balcons qui s’effritent. C’est le métal de la structure du béton oxydé qui fait exploser le béton de la façade. L’immeuble se dégrade peu à peu est nombreux sont les personnes qui lui promettent le même avenir de démolition que le quartier. La souhaite même, c’est étrange de constater que si les maisons de l’avenue de Lyon suscitent une certaine sympathie l’immeuble lui éveil plutôt du rejet et beaucoup voudraient le voir disparaître. En 2019, un arrêté de péril des parties communes est promulgué par la mairie de Toulouse. L’accès aux balcons est interdit aux habitant·es. Les travaux sont chiffrés à plusieurs millions et donc une facture de prêts de 100 000 € par logement pour chaque co-propriétaire. Panique à bord.
Plan de sauvegarde. Miracle, c’est la puissance publique qui va venir au secours des propriétaires privées. Ici au lieu de raser et de reconstruire, comme on le fait au Mirail, comme on le fait à Negreneys, comme on le fait au pied de la tour même… Non, ici, on vole au secours des propriétaires, les travaux sont très largement subventionnés divisant la facture par 10 pour la co-propriété. L’immeuble est sauvé et va pouvoir se refaire une beauté. 27 mois de travaux pour refaire toute la façade et au final une réalité qui ressemble enfin à la préfiguration des années 50. Bientôt, le quartier sera tout aussi moderne. Jusqu’au prochain cycle…