Appel à contribution #1 – Automne 2022 : Mémoires d'une ville… Quelle histoire !

11 mai 2022 - par Collectif de Radiographie Urbaine

Pour amorcer des collaborations dans les publications du site nous voudrions nous confronter justement à une question centrale : celle de faire mémoire.

Il existe un débat long et complexe sur la différence entre la mémoire et l’histoire, entre ce dont chacun·e se souvient et les « faits historiques ». Entre ce qui est lié à une place particulière et ce qui serait indépendant des manières de voir et de sentir. Sans y entrer plus que ça on peut dire que d’un côté il y une subjectivité irréductible et de l’autre une recherche, sans cesse renouvelée, d’objectivité, de « vérité historique ». Ici nous avons, en plus, un autre problème, moins évident, celui de l’entité « ville ». Est-ce que l’on peut vraiment parler de Toulouse comme d’une unité cohérente dans le temps et l’espace ? Qu’est-ce que ça veut dire de faire l’histoire de Toulouse ? Est-ce que ce n’est pas faire exister, de manière un peu artificielle, une logique, une consistance, voir une sorte de clé d’explication ? Et, si on parle de mémoire de Toulouse, est-ce qu’on n’est pas en train de prêter des traits humains, de personnaliser, une chose ? En la personnalisant, nous en faisons une sorte d’entité magique, et en cela nous accentuons le « caractère fétiche » de la ville. Pourquoi pas, peupler le monde de fétiche peut aider à vivre. Pourtant il y a un risque. Comme Marx l’a démontré pour la marchandise, le fétichisme occulte les rapports sociaux qui sont à l’origine de l’objet, lui déniant son ancrage social. De ce fait, Toulouse apparait comme une entité qui s’étend, se développe se transforme… sans que ni propriétaire et propriété ; ni politique ni institutions ; ni travail ni rapports sociaux, bref tout ce qui concourt réellement à la production de l’espace n’intervienne jamais. Nous pouvons y voir un mécanisme de l’impuissance. En effet, Ville semble une seconde nature car l’ordre du réel et de l’abstrait s’inversent : nos existences, nos expériences, sont rendues éphémères, fragiles, là où la Ville apparait comme une puissance intemporelle.
Cet appel à commencer un premier effort d’élaboration autour de nos histoires dans cet espace est une tentative pour inverser cet état de fait. Donner de la densité à nos expériences, à nos liens, à nos activités.

L’appel s’adresse à toutes celles et ceux qui se retrouvent dans la proposition et les intentions du site. Par l’image, par le son, par l’écrit raconter des histoires ordinaires, des vies quotidiennes, des moments ou des périodes, des lieux ou des gens. Il ne s’agit pas de composer un récit unique, mais de permettre à des récits de s’élaborer. En particulier, nous attendons des propositions sur les histoires minorisées, des invisibles, des oublié·es et des effacé·es. Aucune compétence particulière n’est nécessaire pour participer, seulement l’attention à ne pas utiliser l’histoire des autres.

Pour plus de renseignements sur les modalités de soumission des propositions vous pouvez contacter directement espacesensible@autoproduzioni.net

Il est possible de proposer des documents originaux réalisés par les personnes ou avec l’autorisation expresse des personnes qui les ont produites. La présentation centrale du site étant la carte il est demandé de préciser une localisation pour chaque document proposé :
  des photos, en série ou pas (une photo peut venir seule) ;
  des sons, qui peuvent être bruts ou montés ;
  des copies de tract, d’affiche, de tout type de document numérisé ;
  des textes originaux, sous forme de témoignage, de coup de gueule, d’article, de poème en vers ou en prose ;
  des compositions de plusieurs de ces éléments ;
  il y a certainement des choses auxquelles nous n’avons pas pensé…

Il est possible, dans la limite de nos moyens, de vous accompagner dans la mise en forme et dans la numérisation des documents proposés.
Les propositions seront examinées pour vérifier leur cohérence avec l’esprit du site, une réponse quant à la publication vous sera donnée dans un délai raisonnable.

L’ensemble des propositions sera mis en ligne à partir de l’automne 2022.